BRUNO COULAIS
« Au cinéma, le compositeur doit aller à la rencontre des cinéastes, entrer dans leur monde, mais sans renoncer au sien propre. Voilà la difficulté ou le paradoxe de la musique pour l’image. En collaborant avec des réalisateurs et réalisatrices aux univers très variés, je pense avoir découvert par ricochet beaucoup de choses sur moi-même. Cela m’a aidé à progresser, à explorer des territoires qui n’étaient pas naturellement les miens. Le Cinéma est un laboratoire où j’ai cherché à construire des formules orchestrales inédites alliant à la fois des polyphonies corses, des musiciens issus du jazz, de la variété, du classique, ou même des rappeurs. A l’image du monde d’aujourd’hui, un monde éclaté où se mêlent toutes les cultures. » Ainsi s’exprimait Bruno Coulais, un des compositeurs les plus innovants du cinéma contemporain lors de l’hommage qui lui était rendu en 2011 à la Cinémathèque de Paris
En 1978, Bruno Coulais, jeune compositeur d’œuvres de concert, découvre dans la musique de film un nouveau moyen d’expression, une façon d’amener l’exigence de son écriture vers le plus grand nombre. François Reichenbach, puis Josée Dayan, Jacques Davila, Souleymane Cissé ou Laurent Heynemann, d’abord à la télévision puis au cinéma, l’entrainent de son plein gré dans la découverte de ce nouveau monde. En 1995, il compose la musique de Microcosmos. Ce voyage initiatique à l’échelle du centimètre lui offre l’opportunité de révéler la pleine dimension de son écriture. Il injecte dans sa partition un étrange lyrisme, entre émerveillement et fantastique, confirmant la leçon apprise auprès de François Reichenbach : "à toute image documentaire, la musique apporte une part de fiction". Le succès de Microcosmos consacre le musicien et fera de lui l’indispensable compositeur d’autres contes naturels, notamment aux côtés de Jacques Perrin ( Le Peuple migrateur, Océans, Les Saisons …). D'autres relations se noueront sur le long terme, en particulier avec Benoît Jacquot, avec lequel il collabore depuis plus d'une décennie, sans oublier Frédéric Schoendoerffer, James Huth ou Jean-Paul Salomé. Outre de grands succès populaires tels que Les Choristes, Brice de Nice ou Sur La Piste Du Marsipulami, il n’est guère surprenant que cette curiosité insatiable ait su trouver dans le Cinéma d’animation le plus inspirant des terrains de jeu, notamment à travers sa collaboration avec deux créateurs d’exception, Henry Selick et Tomm Moore. Le premier, réalisateur américain de L'Etrange Noël de Mr Jack produit par Tim Burton, invite Bruno Coulais à signer en 2009 la magnifique partition de Coraline (film nommé aux Oscars). 10 ans plus tard, il s’apprête à le retrouver pour une nouvelle et belle aventure Wendell & Wild. Pour l’irlandais Tomm Moore, Bruno Coulais a déjà composé la musique de deux films nommés aux Oscars, The Secret of Kells (2009) et Song Of the Sea (2014), et il signera en 2020 la partition de Wolfwalkers. Qu’il s’agisse de films d’auteur ou de films plus grand public, Bruno Coulais garde la même exigence, envisage toujours son art comme une fenêtre ouverte sur le monde. Bien moins sage qu’il n’y paraît, Il y révèle un don d’alchimiste moderne et une manière très personnelle de métisser les cultures les plus diverses en une harmonie universelle au travail. |