Howard SHORE
Le compositeur canadien Howard Shore est salué comme monument de la musique de film, auréolé de récompenses prestigieuses dont 3 Oscars pour la trilogie du Seigneur des Anneaux. Une aura qui a parfois tendance à figer, dans le respect d’une filmographie hors du commun, un artiste en constante évolution et tourné vers l’avenir.
Tout juste diplômé du Berklee College of Music de Boston à une époque où le jazz est en pleine mutation, il part en tournée avec «Lighthouse», groupe de rock dont il est le saxophoniste et qui ouvre les concerts de Jimi Hendrix au Festival de l'Ile de Wight et du Jefferson Airplane. Les longues heures de route, les escales dans les motels, sont autant d’occasions de s’immerger dans les musiques de Webern, Schoenberg et autres compositeurs contemporains. En 1975, Howard Shore participe à la création du légendaire « Saturday Night Live » dont il devient le premier directeur musical. Là encore, il s’inscrit dans une période propice à l’effervescence créative d’une télévision en pleine (r)évolution. C’est à cette époque que débute sa collaboration avec le réalisateur canadien David Cronenberg, pour lequel il signera les partitions de 15 films. Autant de musiques qui restent, aujourd’hui encore, une référence absolue pour nombre de jeunes compositeurs. À la fin des années 70, le 7ème Art est le champs de tous les possibles. Il va lui permettre de développer un style unique et inimitable, en parfaite symbiose avec le cinéma innovant de son complice et ami David Cronenberg. Chaque projet est l’occasion d’une expérimentation, et si le budget est parfois limité, la liberté de création ne se refuse rien, à l’image de son incroyable partition du Festin Nu magnifiée par le saxophone d'Ornette Coleman. Howard Shore attire rapidement l’attention de réalisateurs indépendants et exigeants, dont les productions lui permettent d’explorer de nouvelles façons de composer, notamment pour l’orchestre, sans pour autant s’inspirer des stéréotypes américains. Il travaillera ainsi en étroite et souvent longue relation avec Martin Scorsese, Peter Jackson, David Fincher, Jonathan Demme et Tim Burton. Tout au long de ses scores et de ses musiques de concert, Howard Shore s’inscrit dans son époque, joue avec les références, les univers, les innovations techniques, cherche un air du temps destiné à durer. C’est dans cette optique, quelques années après sa deuxième collaboration avec Arnaud Desplechin, qu’il se tourne vers l’Europe à la recherche de nouveaux projets, de nouvelles narrations, à même d’encourager une création curieuse et novatrice. |